Dans l’histoire récente de l’organisation politique territoriale, le regroupement des communes a pris de plus en plus de place pour devenir un acteur incontournable de la politique et de la gestion des affaires territoriales. D’abord organisées en district puis en syndicat intercommunal où les maires envoyaient des représentants, ce sont maintenant des communautés de communes et d’agglomérations qui sont des entités à part entière, dotées d’un budget propre et conséquent, avec des compétences de plus en plus étendues. Leurs représentants sont désormais élus par les citoyens de leurs communes respectives lors des élections municipales, à défaut d’être élus directement sur des listes de territoire.
La communauté d’agglomération de Vannes fonctionnait, depuis 2008, avec différentes sensibilités politiques. Elles ont ainsi pu se faire entendre, avec un projet politique de territoire porté par une majorité et une opposition constituée. Les élus de la gauche sociale et écologiste ont toujours été clairs sur leurs objectifs et leur projet. Ils ont toujours désigné un candidat pour les représenter lors des élections à la présidence de la communauté d’agglo, jusqu’en 2020.
Lors de la dernière élection, les élus de gauche ont choisi de ne pas présenter de candidat et de voter pour le représentant de la droite libérale et conservatrice. Trois conséquences découlent de ce choix :
1 – La communauté d’agglomération est ainsi redevenue un syndicat de communes, c’est-à-dire l’addition des communes qui la composent, dans le meilleur des cas. Au pire, c’est une amicale des maires qui négocient sur la base des seuls intérêts municipaux. Ce n’est plus une instance où les élus débattent d’un projet politique de nature communautaire mais un lieu où s’additionnent les projets locaux.
2 – Quand on est conseiller communautaire de base, on ne sert à rien, le pouvoir ayant basculé du côté des maires. On perd son temps. C’est le bureau des maires qui décide de tout, les commissions ne sont que des chambres d’enregistrements.
3 – En participant à l’exécutif, la gauche a pu se placer à des postes à responsabilité mais elle est ainsi devenue co-gestionnaire d’un programme de facture libérale et conservatrice, dont on sait que la préoccupation première n’est ni écologique, ni sociale.
Conseiller communautaire depuis 15 ans, je ne me retrouve plus dans ce schéma où toutes les décisions sont prises en bureau des maires et où le collectif de la gauche sociale et écologiste n’existe plus, ne s’oppose plus là où il devrait.
J’en tire donc les conséquences en démissionnant de mon mandat de conseiller communautaire. Ma décision a été longuement mûrie et je ne souhaite pas cautionner plus longtemps ce fonctionnement. Je poursuis cependant mon mandat de conseiller municipal à Vannes au sein du groupe « Libérons les énergies vannetaises ! ». Ce groupe pratique une méthode collective et coopérative et porte fidèlement les valeurs démocratiques, sociales et écologiques.
Christian Le Moigne