Le classement de BFM Business : un éloge à la lenteur

Le département du Morbihan serait le mieux géré de France. S’il était côté au CAC 40 en bourse, nul doute que les investisseurs achèteraient ses actions.

BFM Business a passé au crible les budgets primitifs 2014 des départements publiés par le ministère de l’Intérieur, les derniers actuellement disponibles en totalité. Sept critères ont été retenus: dépenses de fonctionnement, de personnel, fiscalité, investissements, dépenses pour les collèges, pour les routes, et l’endettement, le tout ramené en euros par habitant.

Autrement dit, pour bien gérer un département, BFM Business nous explique qu’il faut dépenser le moins possible, comprimer les dépenses de personnels au maximum, baisser les impôts, laisser les collèges (notamment publics) se dégrader et ne pas s’endetter.

Curieux choix des critères de bonne gestion … mais le Morbihan est-il un département « riche » ?

  • 15 000 personnes survivent avec le RSA,
  • 6 000 jeunes sont sortis de formation sont sans emploi,
  • 65 000 personnes sont inscrites à Pole emploi
  • Les délais d’attente pour le traitement des dossiers pour les personnes en situation d’ handicap sont de 9 mois d’attente.

L’une des compétences majeure du département est la « définition et la mise en œuvre de la politique d’action sociale ».

Les services sociaux du département manquent cruellement de de moyens financiers, humains et techniques pour remplir leur mission de services aux habitants.

Les chiffres des dépenses sociales du Morbihan, exclues de l’étude de BFM Business, sont pourtant intéressants à analyser (chiffre Bercy 2013) :

  • Aide à la personne = 233 € par habitants dans le Morbihan contre 256 € en moyenne soit 10 % de moins que la moyenne des départements
  • Frais de séjours et d’hébergement = 114 € par habitant dans le Morbihan contre 172 € en moyenne soit 33 % de moins que la moyenne des départements

Si le département du Morbihan est bien classé par BFM, c’est qu’il ne remplit sa mission de service public et que son budget n’est pas un instrument de mise en œuvre d’une politique, mais une fin en soi, une fin électoraliste. Le budget d’un conseil départemental n’est pas fait pour dormir dans une banque, ou attirer des actionnaires, mais il doit être consacré à l’amélioration des services publics pour répondre aux besoins des habitants. Mais cela nécessite d’avoir le courage politique d’innover avec et pour les habitants afin d’améliorer la qualité de vie de tous.